Témoignage écrit, 2016 de Slawko Antoniw, recueilli par Véronique Dassié, ethnologue.

Je suis né en Allemagne, en 1947. Ma mère était née en Galicie, région d’Ukraine occupée par la Pologne à cette époque et mon père en Lemkovénie, terre ukrainienne annexée suite à l’opération ‘’Vistule’’ menée par les Polonais en 1947. […] Mes futurs parents, très jeunes, ont dû subir le travail obligatoire en Allemagne. Après la guerre, ils se sont mariés puis je suis né. Mon père est venu en France pour travailler, après avoir obtenu un contrat de travail et des documents de réfugié, il nous a fait venir, ma mère et moi en 1949. En France naîtront mes frères et sœurs.

[…] Chez nous, quelques traditions étaient respectées. En plus de la langue maternelle, nous fréquentions une toute petite école ukrainienne le dimanche matin. Ce n’était pas toujours avec entrain que nous y allions mais le plaisir de retrouver d’autres copains était plus fort. Nous avons appris à lire et à écrire en Ukrainien. Le maître d’école nous enseignait aussi l’histoire, la géographie, la poésie, le théâtre, le chant.

Lors des fêtes ukrainiennes, les enfants se produisaient sur scène. Récitations, chants, théâtre, danses traditionnelles étaient ce que nous présentions avec fierté et joie après des semaines d’apprentissage. J’ai découvert l’Ukraine pour la première fois en 1993.

Manuel ukrainien, 1964. © Famille Szawarskyj.
Plume-musique et partitions ukrainiennes de Zapovit (Le testament) – poème de Taras Chevtchenko et composition de Mykhaïlo Verbytsky – conservés par la famille Moskura et présentés en 2017 à l’exposition Mémoires voyageuses, Montargis. © Photo : Véronique Dassié.
Broderie au point de croix du poète Taras Chevtchenko, Chalette-sur-Loing (Loiret, France). ©Association cultuelle ukrainienne